Le logo du projet Art-Connection

Art-Connection au Royaume-Uni

The Arrival of Spring in Woldgate, David Hockney, 2011

University_Loughborough_Art-Connection_Lboro

L’Université de Loughborough est à l’avant-garde du développement de programmes de recherche innovants et interdisciplinaires

L’Université de Loughborough (Lboro)

Classée meilleure université du Royaume-Uni en 2019, la Storytelling Academy de la School of Design and Creative Arts de l’Université de Loughborough développe des projets de recherche expérimentale s’appliquant à la narration numérique comme méthodologie de recherche participative.

Rôle dans le projet Art-Connection

Lboro a contribué à l’ensemble des productions intellectuelles et a été responsable du 2ème livrable (Cadre théorique et méthodologique pour la mise en place de la recherche-action Art-Connection à mener dans les quatre pays partenaires) ainsi que de l’organisation d’une activité d’apprentissage en ligne sur la méthodologie du Digital Storytelling.

Référente du projet Art-Connection au Royaume-Uni : Dr Antonia Liguori – Senior Lecturer in Applied Storytelling

La recherche-action de l’Université de Loughborough

Voir les études de cas Art-Connection issues de la recherche-action participative dans les contextes territoriaux des partenaires dans l’outillage pédagogique pour les Connecteurs Culturel, chapitre 2.4 et l’ANTImanuel de Lboro – Création de Soundscapes.

Des groupes de discussion sur la recherche-action participative explorant les méthodes du storytelling pour renforcer le sentiment d’appartenance se sont réunis à Loughborough et à Birmingham, au Royaume-Uni. Quatre groupes d’étudiants en art dramatique ont travaillé avec des membres de la communauté locale pendant 12 semaines pour explorer leur sentiment d’appartenance. Ils ont appliqué différentes techniques de narration (en particulier, le soundscape et le digital storytelling) pour exprimer les liens entre nourriture et culture ; comment ses liens se mêlent à notre vie quotidienne et l’influencent et comment les gens perçoivent la nourriture différemment selon leur culture d’origine.

Les étudiants ont travaillé collectivement à la création d’un soundscape ou panorama sonore numérique et d’une plate-forme numérique interactive documentant ce processus créatif et socioculturel grâce à du storytelling en ligne, des blogs, du vlogging et d’autres formats. Les étudiants ont formé différentes équipes de production en fonction de leurs intérêts et de leurs compétences.  La première partie du projet consistait en la création d’un panorama sonore / promenade sonore qui enquêtait par le biais de la nourriture sur les problèmes sociaux (par exemple sur les notion de déplacement ou d’exil) dans la ville de Loughborough. Les étudiants avaient pour tâche de recueillir des témoignages, des ambiances sonores dans les rues, les restaurants et les points de vente à emporter de la ville.

L’analyse critique de l’espace et du lieu était au cœur du processus participatif. Auparavant, les mots espace et lieu étaient perçus comme deux mots assez interchangeables, sans tenir compte de la possibilité de leur déconstruction. Le philosophe français Michel de Certeau a proposé de réexaminer cette question lorsqu’il a déclaré qu’un lieu : « implique une indication de stabilité […] L’espace, en revanche, est fait de l’intersection d’éléments mobiles » alors que l’espace est composé d’intersections d’éléments mobiles » (de Certeau, 1980, p.172-175).

La réponse initiale des étudiants était que le lieu est une construction plus fixe et tangible, moins négociable, quelque chose de plus permanent. Un espace, en revanche, est plus fluide et interactif, ni fixe ni permanent en raison des éléments en constante évolution qu’il peut contenir.

En fait, la vérité est encore plus complexe que cette première analyse car les étudiants n’ont pas pris en compte les attachements psychologiques et émotionnels qui peuvent être de mis lorsqu’il s’agit de parler de lieu et d’espace. Il a fallu un certain temps pour considérer ce que cela impliquait pour la construction du soundscape et si cela pouvait être matériellement intégré ou simplement resté de l’ordre de la pensée lors de la reconstruction des différents environnements sonores.

Par exemple, le club des étudiants de Loughborough est connu pour ses soirées dansantes et la consommation d’alcool qu’elles génèrent, or les étudiants qui occupent cet espace y ont des attachements émotionnels et psychologiques en raison de l’amitié et des souvenirs qu’ils y ont créés. Lors de la représentation d’un environnement de soirée dansante dans le soundscape, il s’est avéré important de prendre en compte la différence entre la charge émotionnelle conféré au lieu par les étudiants et un point de vue externe (par exemple, celui des résidents plus âgés de la ville) qui peuvent considérer leurs comportements comme irrespectueux et dérangeants. Ces attitudes contradictoires confortent l’idée que différentes personnes et groupes de personnes peuvent avoir des attachements totalement différents au même lieu.

De Certeau a poussé encore plus loin cette exploration en déclarant que l’espace est comme le mot habité de sens quand il est prononcé dans un discours […] l’espace est « le lieu pratiqué »  (de Certeau, 1980, p.172-175). Le mot et sa transmission verbale sont deux choses distinctes avec des significations différentes. Les mots peuvent être utilisés et appliqués différemment selon le contexte qui, comme l’espace, reste flexible et en constante évolution. Tout dépend également de l’individu et de la façon dont il choisit d’utiliser ce mot.

En explorant la définition constructiviste de lieu comme empreint de « processus sociaux sous-jacents […] et doté d’attributs uniques » (Cresswell, 2013, np), les étudiants ont pu pousser leur réflexion plus avant. Cette citation a suscité une réarticulation de la façon dont le soundscape interagissait avec des environnements ou différents sites et souligné la nécessité d’être conscient des effets socioculturels, émotionnels et psychologiques provoqués par les étudiants dans leur reconstitution sonore.

Était-il possible que les étudiants puissent réellement révéler le caractère unique d’un lieu ? Pourraient-ils différencier le marché de Loughborough des autres ? La sonnerie de la cloche de l’hôtel de ville, par exemple, peut devenir un symbole pour Loughborough et, associée à l’accent distinctif d’un local, représenter le caractère unique de ce lieu précis.

Le campus et son environnement pourraient-ils être distingués de celui d’une autre université et évoquer spécifiquement les processus sociaux propres à ce lieu ? Comment les étudiants pourraient-ils démontrer leur prise de conscience des processus sociaux en question et leurs attachements émotionnels à ce lieu par le seul moyen du son ?

Telles furent les questions soulevées lors du processus créatif et qui servirent de catalyseurs pour produire les différents soundscapes.

Actualités du projet britannique