Partage d’expérience au cours de la visite du symposium de l’artisanat en Sud Charente

Un symposium était chez les Romains le banquet pendant lequel on discutait d’un thème déterminé concernant les arts ou les sciences dans un esprit chaleureux et convivial

Chaque partenaire du projet Art-Connection a entrepris une recherche-action participative sur son territoire dans le but de mieux comprendre le rôle et les impacts des projets culturels sur les territoires et leurs habitants.

En France, l’APapp a mené cette recherche-action en s’appuyant sur l’ancrage culturel de son réseau, les fondamentaux pédagogiques de la démarche APP et le dispositif « Apprenant Agile ». Son objectif est d’identifier les pratiques et les valeurs par lesquelles cet ancrage se manifeste : éducation permanente, travail social et de proximité, multiculturalité, capacité à écouter les besoins des individus mais aussi, capacité à développer des partenariats pour travailler avec les autorités publiques, la société civile et les communautés du territoire. L’ancrage culturel a, dans le cas des APP, un but, celui de remobiliser et de redonner confiance à des publics fragilisés, souvent très éloignés de l’emploi.

L’APapp a invité les membres du consortium Art-Connection à se rendre au symposium dédié aux métiers de l’artisanat en Sud-Charente à Chalais, commune de 1800 habitants. Organisé par l’APP de Barbezieux (AAISC), l’évènement s’inscrit dans les Journées Européennes des Métiers d’Art (JEMA), des 1er, 2 et 3 avril 2022.

Les partenaires du projet Art-Connection avec, de gauche à droite : Fred Dalmasso (université de Loughborough), Helder Luiz Santos (Conversas Associaçao Internacional), Isabelle Salvi (APapp) et Loredana Teodorescu (Istituto Luigi Sturzo).

Le symposium, qui s’inscrit également dans du cadre du projet national [Re]connaissances, porté par l’APapp, était l’occasion pour le consortium Art-Connection de venir observer le processus de créativité territoriale et de construction partenariale aboutissant à un évènement culturel d’ampleur.

En effet, avec le concours de trente-deux partenaires économiques, sociaux, professionnels, de la formation, de la culture, publics comme privés, sur le territoire du Sud-Charente et des acteurs qui l’habitent, l’APP de Barbezieux et une trentaine de ses apprenant·es, jeunes et demandeurs d’emploi, ont porté et organisé ce projet.

Logo du projet [Re]connaissances

Durant trois jours, le symposium a permis à 2500 spectateurs, dont 300 élèves de primaire et collège ainsi que des personnes en insertion, d’échanger avec des professionnels passionnés et d’ouvrir ainsi leur regard sur la richesse de l’artisanat en Sud-Charente. Les artisans ont chacun démontré leurs talents autour de réalisations permanentes dans la ville de Chalais : construction d’une pergola, d’un banc en bois, d’une rambarde…

Investir les lieux fréquentés par chacun permet ainsi de se questionner sur ce que peut représenter un travail artisanal, et sur le sens que l’on peut y trouver. Ces réflexions autour de l’envie d’apprendre, du sentiment d’inclusion et de l’autonomie sont au cœur des problématiques de l’insertion.

Cela m’a permis de faire plusieurs expériences professionnelles, des stages… J’ai obtenu un premier CDD et j’ai passé mon permis de conduire pour faciliter mon entrée dans la vie professionnelle. Tout ça c’est des choses importantes pour moi.

Florian, 19 ans, bénéficiaire du projet (Re)connaissances

Au-delà de la thématique de l’évènement, l’enjeu du projet était l’investissement des apprenants de l’APP dans la conception et l’organisation du symposium. Cela a supposé d’aller à la rencontre de ces personnes en problématique d’insertion, et d’organiser, pour et avec elles, une grande variété d’ateliers créatifs et de propositions d’activités culturelles, dans une démarche réflexive, visant la reconnaissance et la valorisation de compétences, dont elles n’étaient pas conscientes, devenant les leviers d’une remobilisation personnelle et collective.

Ce parcours m’a apporté sur le plan professionnel, mais aussi beaucoup sur le plan personnel. Parce que je suis une personne assez réservée et j’avais du mal à aller vers les gens. Tout d’un coup je me suis ouverte (…). Ça m’a épanouie, ça me fait énormément de bien et ça m’aide à reprendre confiance en moi.

Nathalie, 43 ans, bénéficiaire du projet (Re)connaissances

C’est énorme. On le voit dans le bonheur que chacun éprouve à se rassembler, on a l’impression que c’est la manière dont ça devrait fonctionner. On a la perspective qu’il faudrait que ça se reproduise. Que c’est dans ce format là qu’on atteint tous nos objectifs.

Sophie Lataillade, directrice de la formation de la Chambre des Métiers et de l’Artisanat de Charente

Parce qu’il a amené les acteurs d’un territoire rural à se rencontrer et à coopérer dans l’intérêt de ses habitants, ce projet permet aussi d’imaginer une nouvelle façon de travailler autour de thématiques comme la formation et l’insertion. Il intègre totalement leurs enjeux, du changement de regard sur le travail et les publics en insertion aux propositions concrètes des organismes déjà mobilisés dans leur champ d’action, en passant par la remobilisation et le développement de l’empowerment par la mobilisation de compétences culturelles.